Je ne vais pas philosopher sur cette phrase, simplement citer des faits;
Je ne pourrai empêcher ni les massacres en Afrique, ni la guerre en Yougoslavie.
Peut être, pourrais je signer quelques pétitions et, peut être, mon vote sera t il orienté vers un parti qui va dans ce sens, mais je ne fais aucune illusion .
L’humanité progresse à son rythme et on ne pourra pas faire changer les mentalités aussi vite.
Il y a seulement 70 ans , on exploitait les enfants dans les mines comme dans les pays du tiers monde
Nous sommes donc une démocratie très jeune, qui est encore fragile.
Mais au quotidien, est-ce que je suis responsable de ce que je n’essaie pas d’empêcher ?
Je côtoie une femme qui a en permanence le visage tuméfié et des bleus sur la figure.
Le mari est intouchable, un homme respecté et qui se donne dans de multiples activités sociales. Est-ce que vous ne connaissez pas une situation analogue, même parmi les francs-maçons qui ne sont pas mieux que les autres ?
Se décider à dénoncer sera un parcours du combattant dans lequel, au bout du compte, 90% de la population et peut être la personne qu’on essayera de secourir, seront contre celui qui a mis les pieds dans le plat.
Pourtant il y a bien là quelque chose qui ne va pas, et n’est pas acceptable. En termes juridiques cela s’appelle également de la non assistance à personne en danger. La responsabilité de ce que nous n’essayons pas d’empêcher est mesurée par la loi.
En étant responsable, on va, en général, au devant de sérieux emmerdements. Outre la gène de ceux à qui on se confie, on sent aussi une réprobation silencieuse. On devient une personne qui dérange., on se sent maladroit, et on doit combattre son propre sentiment de culpabilité. On se fragilise, et on devient une cible de choix.
De quoi se mêle cette personne ? Et puis une ingérence dans les affaires d’autrui, c’est contraire au principe de liberté et du respect de l’autre. Ne dit-on pas que le linge sale se lave en famille?
Comment reprocher aux Elus du peuple de reproduire en politique internationale, la prudence dont nous faisons preuve au quotidien. Je ne suis pas meilleur que les autres et il m’est arrivé de battre en retraite devant un combat, en me cachant derrière mes sacro-saints principes républicains. Par exemple la liberté d’opinion, et j’en passe.
Pourtant il n’y a pas d’autre moyen d’être responsable., que de mettre les pieds dans le plat..Aurions-nous la même opinion d’Emile Zola, qu’aujourd’hui si nous avions vécu à son époque ?..
Les responsables ne semblent pas être de la race qu’on décore, et il semble que, dans leur parcours épuisant, coupable ait rimé avec responsable. La bible dit, Malheur à celui par qui le scandale arrive...
Les mauvais traitements à enfants, les réseaux de pédophilie, les juges à qui la police refuse d’obéir , les violences diverses excusées par l’alibi de la protection de l’image des parents et de la cellule familiale, ou de la maladie mentale. Les horreurs du quotidien que tout le monde chuchote, et que personne ne dénonce.
Celui qui va entamer ce parcours du combattant, n’est pas au bout de ses peines.
Mais, pourtant il y a bien des gens qui se sentent responsables de ce qu’ils n’essaient pas d’empêcher : des Associations, des Juges, des Educateurs, des Policiers, des avocats, des psychiatres. Comme par hasard, tous sont, à un moment ou à un autre, attaqués en justice. Et, paradoxe, on leur oppose des lois que les francs-maçons de la 4ième république avaient voté, parce qu’ils se sentaient responsables de ce qu’ils devaient empêcher...
Mais heureusement, les divers scandales qui éclatent ces temps derniers, prouvent que beaucoup essaient d’empêcher.
Etre responsable c’est paradoxalement pour un maçon, comme moi, l’engagement en Maçonnerie ?
Alors que la 4ième république de ministres et de présidents francs-maçons, a tant fait progresser la justice et le social, les droits des femmes. Alors que nous sommes issus des loges remplies d’instituteurs laïcards et anticléricaux, c’est pour cette descendance que j’ai choisi la maçonnerie.
Et j’y ai découvert d’un côté des voix qui défendent ces principes là, et de l’autres des symboliques, heureusement peu nombreux, qui extraient des rituels et du symbolisme, avec un langage hermétique, une vérité qui semble réservée à quelques initiés.
Qu’est ce que la maçonnerie doit perpétuer dans son huit clos : des principes rituéliques qui peuvent mener à des brimades, voire, des humiliations, s’ils sont appliqués au 1er degré, ou un débat, non sans conflit d’ailleurs, qui fera progresser les Maçons.
Est-ce qu’un maçon doit, parmi ses frères et soeurs, mener le même combat qu’au dehors et se heurter à l’incrédulité, à la gène quand il dénonce une anomalie au sein d’une loge. La maçonnerie travaille au progrès de l’humanité, et elle le faisait grâce à la fraternité, au soutien et aux dites « magouilles »maçonniques. Cette maçonnerie là avait aboutit sur du concret.
Qu’est-ce que la Maçonnerie d’aujourd’hui ? Le symbolisme, s’il est un support de réflexion, peut mener à des interprétations délirantes et dangereuses. Il est pourtant essentiel. Nous sommes responsables de ce que nous n’essayons pas d’empêcher. N’oublions pas qu’à notre initiation, nous avions laissé symboliquement nos métaux à la porte du temple, et que la moitié d’entre nous n’auraient jamais osé les réclamer si on ne les avait pas rendus.
Le conflit résulte, en général de ce que l’un d’entre nous essaie d’empêcher, à tort où à raison. Le conflit a toujours fait avancer les choses. Il est un signe de santé morale, la preuve que chacun possède son libre arbitre et peut exprimer son opinion, dans des proportions raisonnables, et tout le rituel maçonnique est là pour faire respecter ce raisonnable.
Jusqu’à présent la Maçonnerie a essayé d’empêcher. Dans ces temps de paix la Maçonnerie va-t-elle honorer sa réputation ou dériver vers la facilité ?
J'ai dit.
(Planche que j'ai faite lors d'une tenue le 15 novembre 5996 à l'O. de Tulle)