Après une présidence qui aura duré deux « septennats », Dominique Gisson, (68 ans) la patronne de Vive le Forêt - association de défense du massif forestier et du littoral -, vient de passer la main à Patrick Point (voir encadré).
Entre la pointe du Médoc et la presqu'île du Cap-Ferret, VLF intervient dans nombre de dossiers « pour la défense de l'environnement ». Si l'ex-présidente continuera à travailler au sein du bureau de l'association, c'est une page qui se tourne. Entretien.
Patrick Point succède à Dominique Gisson. Docteur en économie, âgé de 65 ans, il est aujourd'hui directeur de recherche émérite au CNRS. Le chercheur a notamment travaillé sur la thématique « de l'économie de l'environnement et de la gestion de ressources naturelles ».
Propriétaire à Maubuisson, il a œuvré au sein de l'Association pour l'environnement et la défense de Carcans-Maubuisson (AEDCM). Sur son engagement à la tête de Vive la forêt, Patrick Point dit s'inscrire dans la lignée du travail qui a été engagé par Dominique Gisson. « Je vais mettre mes pas dans les siens. Il y aura un travail collectif. Il y a beaucoup à faire. Et notamment dans toutes ces instances où les associations sont aujourd'hui invitées à travailler. Nous sommes parfois confrontés à des évolutions et des stratégies sur lesquelles il faut une vraie réflexion de fond. En matière d'aménagement du territoire, nous pouvons constater à regret le manque d'imagination de nos élus. Ils ont un peu trop tendance à rester dans des positions conformistes ».
En évoquant le Schéma de cohérence territoriale (Scot) des Lacs médocains, le nouveau président parle d'une « déception ». Pour cette présidence qui débute, le ton est donné. Les élus devront donc composer avec un chercheur qui semble tout aussi « combatif » que la présidente sortante.
J. L.
« Sud-Ouest ». Vous avez décidé de passer la main. Pourquoi ?
Dominique Gisson. J'y pensais depuis trois ans. Il n'était pas question que je devienne la première centenaire présidente d'une association ! Plus sérieusement, il fallait trouver le candidat qui accepte la responsabilité et qui soit bien inscrit dans la lignée des valeurs que défend notre association.
Quelles sont ces valeurs que vous portez ?
Elles sont simples. Le respect des lois en matière d'urbanisme, la défense de nos plus beaux sites naturels, de notre littoral, de notre forêt. Et puis cette règle : sur la base de ces valeurs, il n'y a de compromis possible avec personne !
Vive la forêt a toujours mis en avant son indépendance. Vous travaillez comment ?
On a toujours fonctionné sans subvention. On ne demande rien à personne. Ce sont les adhérents de l'association qui nous permettent de mener nos actions. Et c'est grâce à eux que nous avons pu obtenir de nombreuses victoires.
En 1989, quel événement motive la création de Vive la forêt ?
Ce sont les incendies qui ont ravagé la forêt du Porge et de Lacanau. Lors de ce sinistre, on avait perdu trop d'hectares. Et puis à la suite de ces incendies, il y a eu un titre d'article dans la presse quotidienne régionale. Il questionnait sur le fait de reboiser ou bien d'urbaniser pour développer le tourisme. À l'époque, nous avons été un petit groupe à réagir et à dire qu'il fallait à tout prix défendre notre forêt.
En l'espace de deux ans (2011-2012), la commune de Lacanau vient d'être touchée par deux gros incendies. Votre réflexion ?
On ne doit pas oublier que la forêt reste un milieu très fragile. Dans notre département, le massif mériterait d'avoir deux Canadair à disposition. À chaque fois, ils sont arrivés tardivement sur les lieux. Le mal était fait. On n'en fait jamais assez pour protéger la forêt.
Il ne faut pas non plus oublier qu'elle est très fréquentée et que bien des imprudences sont commises. Sur l'origine de l'incendie de 2012, on a évoqué un probable mégot de cigarette. Je ne vous cache pas que je reste quand même un peu dubitative sur cette version…
Dans le Médoc, on a pu vous reprocher d'être un peu trop extrême dans vos combats. Vous répondez quoi ?
Si le simple respect de la loi, cela veut dire être extrême, alors j'assume à 100 % le travail que j'ai pu réaliser avec VLF !
Cette loi littoral que vous défendez tant est-elle toujours efficace aujourd'hui ?
Au départ, on a pu avoir quelques soucis d'interprétation. Par la suite, elle est devenue parfaitement claire. Elle est très efficace. Et il y a bien eu quelques tentatives pour essayer de la détricoter… Pour moi, il n'est pas question que l'on touche à ce texte. Cette loi, qui protège et encadre le développement de la côte, permet aussi des aménagements. C'est-à-dire ceux qui sont possibles.
Vous suivez de nombreux dossiers. La pression urbanistique est-elle si forte dans le Médoc ?
Il me semble que la crise économique a eu pour effet de calmer un peu les choses.
Le Médoc devrait devenir Parc naturel régional. Pour VLF, c'est une avancée ?
Cela peut être quelque chose de très bien comme une coquille vide. VLF assiste aux réunions de lancement de ce projet. Jusqu'à présent, je n'ai pas vu grand-chose.
Vive la forêt compte combien d'adhérents aujourd'hui ?
Entre 300 et 350 familles d'adhérents. S'il peut fluctuer un peu, ce chiffre est resté stable depuis des années. Dans le département, nous sommes la première association de protection de l'environnement
. Un article du 15 mars de Sud Ouest Julien Lestage