ne maison de plain-pied d'environ 500 m² avec sa dépendance. L'ensemble est situé au milieu des bois, sans oublier une longue piste d'accès nouvellement tracée. En clair, une sorte de petit paradis avec pour seul vis-à-vis dame Nature.
Ce « complexe » plutôt luxueux vient de sortir de terre dans la zone forestière littorale, au sud de la station balnéaire de Lacanau. Mais « sans permis de construire, ni aucune autorisation d'urbanisme », précise aujourd'hui la municipalité de Lacanau, qui n'en revient toujours pas.
- Quelques libertés…
Au mois de mai dernier, c'est un garde qui aurait fait remonter l'information à la collectivité. Bernard Decons, le ferrailleur du Pian-Médoc, qui est le propriétaire de la parcelle forestière et de la maison en question, n'aurait donc pas hésité à prendre quelques libertés avec le Code de l'urbanisme et le Code forestier.
Une fois le pot aux roses découvert, Laurent Peyrondet, le maire canaulais, aimmédiatement fait intervenir la police municipale. Sur place, les agents ont contraint l'entrepreneur girondin à stopper le chantier. Lequel était déjà quasiment terminé.
Contacté par « Sud Ouest », l'édile ne décolère pas. « La justice a été saisie. Et une deuxième procédure va être lancée », annonce-t-il. Et de poursuivre : «Nous allons tout faire pour que cette maison soit rasée. » Et de faire observer que la zone forestière sur laquelle se trouve la maison multiplie les classements d'inconstructibilité.
Elle se trouve notamment dans la zone rouge du plan de prévention des risques naturels d'incendies de forêt. Sur le plan d'occupation des sols de Lacanau, la parcelle est « dans la zone naturelle qu'il convient de protéger en raison du site et de l'intérêt écologique ».
Elle est aussi dans un espace boisé à conserver où « coupes et abattages d'arbres sont soumis à autorisation ». Ce qui visiblement, dans le cadre du chantier, n'a fait l'objet d'aucune demande.
Selon nos informations, Bernard Decons aurait tenté, dernièrement, de rencontrer les élus pour essayer de calmer le jeu… Mais sans succès. La municipalité n'a visiblement pas l'intention de laisser passer « une telle infraction ».
- Portails munis de chaînes
Le 22 mai dernier, l'entrepreneur a aussi été destinataire d'un courrier envoyé par le Service départemental d'incendie et de secours (Sdis 33) de la Gironde lui faisant un certain nombre d'observations.
Le message des pompiers revient surtout sur le fait que « la piste 39, qui peut servir à l'évacuation des personnes du front de mer ou à l'arrivée des secours en cas d'incidents importants sur la D 107, est fermée par des portails munis de chaînes et de cadenas ».
Et le Sdis 33 de relayer dans ce même courrier que pour le coup, « trois puits forés de la Défense contre les incendies (DFCI), n° 351, 342 et 106, ont ainsi été privatisés et ne sont plus accessibles aux secours ».
Ce qui revient à dire que, dans cette zone à risque incendie, les manœuvres ne seraient pas facilitées en cas d'intervention. Il apparaît donc que la zone forestière acquise par Bernard Decons a été entièrement clôturée et sans tenir compte des impératifs de sécurité. C'est-à-dire la libre circulation des engins de secours.
- Une cabane de résinier
La sous-préfecture de Lesparre-Médoc, qui n'a pas souhaité commenter ce dossier, précise seulement avoir été mise au courant des faits. Quant à Bernard Decons, contacté par « Sud Ouest », il n'a pas souhaité donner suite. Selon la municipalité de Lacanau, une simple cabane de résinier existait sur la parcelle forestière achetée par le ferrailleur. Lequel aurait alors décidé de la « transformer » en une luxueuse maison d'habitation équipée de plusieurs chambres et de tout le confort nécessaire. Dans les prochaines semaines, la justice devrait décider de son sort."